Les bactéries intestinales responsables des symptômes de dépression et d'anxiété enfin identifiées

Le lien entre santé mentale et microbiote questionne la science. Dernière découverte en date : des chercheurs viennent de mettre en lumière le rôle de bactéries spécifiques, présentes dans le microbiote intestinal de personnes souffrant de trouble dépressif majeur et d’anxiété et qui en aggraveraient les symptômes.

La dépression est un trouble mental courant. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime d’ailleurs que 5% des adultes dans le monde en souffrent.
Selon la Haute Autorité de santé, une personne sur cinq connaîtra un épisode dépressif dans sa vie, souvent d’intensité légère à modérée, rapporte Ameli. Mais pour d’autres, cela peut aller jusqu’au trouble dépressif majeur (TDM).
Les symptômes varient, mais se caractérisent par une humeur déprimée et une perte d’intérêt pour les activités du quotidien, et ce, "tous les jours et pendant au moins deux semaines", explique l’OMS.
Ces ressentis et la cognition peuvent être affectés par la production de produits chimiques dans l’organisme et notamment par notre "second cerveau", l’intestin. Car les neurones présents dans notre tube digestif échangent continuellement avec ceux du cerveau, via les voies sanguines, mais surtout par le nerf vague (axe intestin-cerveau).

Le microbiote intestinal remonterait ainsi toutes les informations au cerveau. Un lien entre santé intestinale et santé mentale que cherchent à décrypter les scientifiques.

Relié au microbiote, le nerf vague jouerait un rôle dans l'apparition de la dépression
Comment le microbiote intestinal influe sur les symptômes de la dépression et de l’anxiété ?
Le microbiote intestinal est l’ensemble des micro-organismes principalement localisés dans l’intestin grêle et le côlon. Il peut influencer le cerveau par diverses voies, d’où son nom de deuxième cerveau.
Une récente étude, publiée dans la revue Neuroscience s’est donc penchée sur l’impact du trouble dépressif majeur sur le microbiote intestinal. Après avoir distingué deux groupes de personnes : 40 souffrants de TDM et 42 en bonne santé, les chercheurs ont comparé la diversité, la structure et la fonction du microbiote intestinal. En parallèle, les participant.es ont dû évaluer leurs symptômes dépressifs et anxieux.

Ils se sont aperçus qu’il n’y avait pas de changement significatif global, suggérant que la dépression ne modifie pas la composition générale et la fonction du microbiote intestinal chez les jeunes adultes.
Cependant, certaines bactéries différaient entre les deux groupes. Ces dernières appartenaient aux groupes Clostridium , Eubacterium et Ruminococcus et étaient présentes chez les personnes souffrant de TDM.
"Nous avons constaté que les espèces enrichies en contrôles sains appartenaient principalement au groupe Clostridium, une importante bactérie synthétisant les acides gras à chaîne courte qui profite au corps humain en affectant le système immunitaire", écrivent les auteurs de l'étude.
D'après PsyPost, "certains de ces types de bactéries étaient corrélés aux scores de l'échelle des symptômes, tels que Sutterellaceae avec anxiété, Ruminococcus avec dépression et Eubacterium avec symptômes physiques".

Et si les scientifiques notent que les bactéries Sutterellaceae étaient présentes en plus petite quantité que les autres, "le mécanisme sous-jacent à cette diminution de l’abondance chez le groupe TDM est encore inconnu et nécessite une étude plus approfondie".
Des microbes qui favoriseraient le stress oxydatif
Pour ce faire, l’équipe de chercheurs a utilisé une technique de séquençage métagénomique "qui permet une analyse complète et à haute résolution du microbiote intestinal en échantillonnant tous les gènes présents dans les échantillons", peut-on lire dans l’article de PsyPost, mettant en avant l’étude.
Ainsi, il a également été observé qu'un "groupe de microbes lié à la dégradation d'un acide aminé, appelé cystéine" était présent dans le groupe TDM.

"Une dégradation accrue de la cystéine pourrait affecter davantage le stress oxydatif et affecter la transmission des signaux cellulaires… en activant les voies inflammatoires et oxydatives et en altérant la neurogenèse (création de nouveaux neurones), la plasticité synaptique (capacité du système nerveux à former et défaire des connexions entre synapses) et la neuroprotection", précisent les auteurs.
À noter que les participants ont également dû remplir des questionnaires afin de collecter des données sur les facteurs susceptibles d'influencer les résultats, appelés "facteurs de confusion". "Ceux-ci comprenaient le sexe, l’âge, l’indice de masse corporelle, le régime alimentaire, la consommation d’alcool et de cigarettes et la qualité des selles".

Malgré tout, les chercheurs précisent que l’étude présente certaines limites, comme la technique d’analyse des échantillons ou encore, le fait que certains facteurs de confusion – à savoir, le niveau d’éducation et les préférences alimentaires – n’étaient pas correctement contrôlés, alors qu’ils pourraient eux aussi influencer la composition du microbiote intestinal.


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